Etat d’urgence : « Je serais terroriste parce que musulman »

Tandis que la France était placée sous ce regime d’exception pendant presque deux ans, perquisitions et assignations à résidence ont bousculé des vies. Récits croisés.

« J’ai le sentiment d’un véritable acharnement, d’une spirale dont on ne peut pas sortir. Notre fils est sauvé, mais au lieu de le reconnaître, on l’enfonce. » C’est un cri de désespoir que lance Madame L. Son fils est assigné à résidence depuis le 4 janvier 2016. Il n’avait alors que 16 ans. Mercredi 25 octobre, à une semaine de la fin de l’état d’urgence, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a rejeté sa requête contre la mesure. Pour appuyer sa décision, la justice a une nouvelle fois invoqué cette journée du 17 mars 2015 où l’adolescent a « apostrophé trois militaires en faction devant l’école juive (…) en proférant les propos et menaces suivants “Vous êtes morts”, “Allahou Akbar”, “La Syrie est grande” et “Vive la Palestine” ». Le juge rappelle que lors de son interpellation il avait sur lui « un couteau comportant une lame de douze centimètres » et avait fait part de son souhait d’aller en Syrie faire le djihad.